Lacanau - N°95 - Août/Septembre 2009

Lacanau en pôle position sur l’érosion

Lacanau amorce la réflexion sur le recul du trait de côte. La station doit devenir un site test pour les stratégies globales auxquelles travaille actuellement le Groupement d’intérêt public Littoral aquitain.

med95-7ar.jpg«Aujourd’hui déjà, un quart de notre littoral recule. Il va falloir parfois protéger et parfois céder, mais partout organiser la retraite, c’est-à-dire choisir en connaissance de cause.» C’est par ces mots de la navigatrice Isabelle Autissier (voir encadré) que Jean-Michel David a ouvert le forum «Trait de côte» organisé à Lacanau le 20 juin dernier. De retour d’un voyage aux Pays-Bas, le maire de la commune avait réuni une dizaine de spécialistes de l’érosion pour une demi-journée d’information et d’échanges en forme de première.
En effet, paradoxalement, ce sujet crucial est rarement évoqué dans les communes du littoral qui sont pourtant les premières concernées, comme si les élus redoutaient quelque part des conclusions allant en sens inverse des politiques de défense acharnée du trait de côte menées jusqu’ici… Toute la matinée à la salle l’Escoure se sont succédé des interventions mettant en évidence le contexte du phénomène. En premier lieu l’élévation du niveau de la mer à l’aune du «versant pessimiste» des experts du Giec (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat), soit une hausse comprise entre 20 et 80 cm d’ici 2100, a rappelé le climatologue Francis Grousset.
Jean-Pierre Tastet, professeur honoraire de géologie à Bordeaux et coauteur du DVD «Le mouvement perpétuel des côtes : 6 000 ans d’histoire des rivages aquitains», a défini la notion de «budget sableux» rapporté à la côte girondine. Un budget en déficit de 15 à 20 m3 de sable arrachés chaque année sur chaque mètre de la côte dite d’Argent longue de 100 km. Ce creusement est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs : dérive littorale (courant côtier), érosion éolienne, pertes dues à l’élévation du niveau de la mer et aux passes du bassin d’Arcachon. Si la valeur moyenne du recul des côtes sableuses du littoral atlantique est évaluée à 2,50 mètres par an, c’est dans la partie nord que le phénomène est le plus accentué comme en témoignent de véritables «falaises» de sable, ou dans un avenir proche la disparition programmée  de la route véritablement littorale dans la région, au nord de Montalivet, condamnée aux yeux de Jean Favennec de l’ONF qui a lancé «Profitez-en !».
Au terme des exposés scientifiques et techniques, ce sont les bureaux d’études et fournisseurs qui ont pris le relais pour pointer soit les limites des anciens systèmes de lutte tels que les épis soit vanter les mérites des solutions alternatives (système Eco-plage, récifs artificiels…). Pour autant, elles ne sont pas la panacée, seulement des pistes d’une réflexion plus vaste. Le Groupement d’intérêt public (GIP) Littoral aquitain qui réunit 16 partenaires et 105 communes en est plus particulièrement chargé. Dans ce cadre, Lacanau est considéré comme un «site test d’une stratégie globale» pour le maintien du trait de côte, a précisé Paul Méry, directeur de ce GIP. Dans l’immédiat, le maire de la commune a bien pris soin de souligner qu’aucune «politique de repli» n’était à l’ordre du jour, c’est-à-dire inscrite dans les schémas d’aménagement. Elle pourrait être envisagée seulement «si la situation s’accélère au niveau de l’érosion». Si l’on en croit les experts, cette aggravation n’est plus une hypothèse mais déjà une certitude…



Le littoral selon Autissier


Première femme à avoir bouclé un tour du monde à la voile en compétition, Isabelle Autissier, parmi ses nombreux engagements en faveur de l’environnement, est vice-présidente d’un des quatre groupes de travail du Grenelle de la mer. Ce groupe de travail est consacré aux espaces côtiers.
Dans son «journal de bord» du Grenelle de la mer, publié par Le Monde, elle évoquait en mai dernier quelques pistes de collaboration entre «terriens» et «puissance des éléments» : «Augmenter la hauteur des digues est une solution coûteuse et agressive pour le milieu, qui ne pourra s’imposer que pour des zones densément construites, des ouvrages d’art ou des industries indéplaçables.
Il faudra abandonner la villa sur la falaise, la marina "pieds dans l’eau", le champ de maïs ou le parking. Pas question de chacun pour soi.
Finis les épis protecteurs bâtis par une commune, qui détournent le sable de la plage d’à côté. Le problème sera trop grave pour être sectorisé. Çà et là, sous l’effet d’une tempête qui a emporté une digue, ou consciemment, certaines régions de la Somme ou de la Bretagne ont déjà entamé la dépoldérisation et la réestuarisation. Noms barbares pour parler de la restauration de ce qui était quand la mer flirtait librement avec la terre. […]
Le littoral sera, peut-être, le premier territoire où l’homme va pouvoir, s’il le veut, réharmoniser son existence avec celle de la nature. Une sorte de révolution ?»

Commentaires des internautes
VOISIN Alexandre - le 30/11/2010 à 10:13
J'avais exposé au cours du forum comment on pouvait qpporter une solution au problème du recul de la dune, je
ne comprend pas que les articles des journeaux en ont pas parlé.Tous les ouvrages construits à ce jour en limite
du D.T.M font monter plus haut la vague d'arrivée qui à son retour remporte le sable vers le large,ce n'est donc pas la bonne solution.Celle que j'avais développé consiste par un ouvrage léger qui calme la vague montante en récupérant le sable qu'elle transporte et en évitant que la vague de retour ne le ramène à la mer.
Avec cette méthode le niveau du haut de plage remonte
et la surface dont dispose les estivants augmente et la mer n'attaque plus la dune
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